25 septembre 2008

Par la fenêtre…

Assise à la table de la cuisine, mon énième souper solo devant moi, je me rends compte que j’en ai marre. L’appétit ne vient même pas, je dois en avoir vraiment marre. Je croyais que la solitude était ma meilleure amie, le mur bleu en face de moi me dit que ma meilleure amie m’a trahie, qu’elle m’a leurrée avec de fausses promesses. Je regarde par la fenêtre: elle s’entrouvre par le haut et reflète ainsi l’intérieur de ma prison, ses armoires, son réfrigérateur, son bordel. Je n’ai pas vraiment besoin de voir ma misère en double, mais, de toute évidence, je n’ai pas le choix. La vie est insistante parfois, elle répète et répète sans cesse les éternelles vérités jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que rien en fait. On comprend tout à moitié et quand la vie arrête de frapper le même clou, on n’en sait toujours pas plus. Je regarde par la fenêtre et ne vois que le miroir révélateur. Je dois faire la vaisselle, je sais, cela fait une semaine que la vitre m’envoie le même message. J’ai beau tourner dos au comptoir où s’empilent assiettes, casseroles, ustensiles et coupes à vin, le spectacle s’offre à moi en réfraction indésirée, et jusqu’à date inutile. Ces architectes pensent vraiment à tout! Peut-être qu’un matin, à force de martèlement optique, je vais me lever et me diriger tout droit vers le lavabo, ouvrir le robinet d’eau chaude, faire gicler du savon à vaisselle dans le bassin et y plonger mes mains délicates. Peut-être vont-elles se mettre au travail pour la première fois depuis des semaines, et que tout ce labeur me donnera des courbatures, que je m’étirerai le cou, que mon regard se posera sur ma fenêtre et qu’à cet angle de vue, tout sera différent, que la vitre me permettra enfin de voir au-delà de ma prison, une toute nouvelle scène magnifique, une scène qui me plaira, peut-être même un chien.
Ça sera sans doute pour demain matin. Sans doute…