Pendant que les autres familles organisaient leur temps autour des fêtes et événements spéciaux, mon petit clan à moi inscrivait au calendrier les périodes de chasse et de pêche. Le petit gibier, le gros gibier, dans les Laurentides, à Anticosti ou dans le coin de la Baie James, les fins de semaine de poisson à l’Étape, et tous ces moments de préparation intenses et anticipatifs pour organiser nos escapades en nature. Mon père a quitté sa Sardaigne natale il y a bien longtemps, et il a bien adopté le mode de vie du chasseur-cueilleur qui semble inhérent à notre riche milieu boréal.
Depuis que je suis minuscule, depuis un magique voyage à Petite-Bergerone, un souvenir de pluie et d’un immense imper pour homme, ma vie a été réglée, d’une manière ou d’une autre, autour de ces activités forestières. J’exagère à peine. Aujourd’hui, ce sont des souvenirs froids, glacés, humides, fatigants mais drôlement spéciaux que je partage avec mon père, ses frères, et le mien. Mon paternel continue de me fournir en chevreuil, caribou, perdrix et truites tout au long de l’année. En fait, il est assez rare que j’achète de la viande, préférant cuisiner le gibier on ne peut plus bio que d’autres ont été chercher pour moi.
C’est pourquoi j’ai décidé de vous présenter ce soir, en primeur, mon super rôti de caribou. Je sais que la plupart d’entre-vous n’avez pas ce genre de pièce qui vous attend dans le frigo, et c’est seulement pour le plaisir de partager nos traditions culinaires que je vous en parle ici.
Je l’ai d’abord mariné, pendant presque 48 heures, au frigo bien sûr, dans un mélange de vin rouge (celui de mon papa, et oui), de sauce Worcesteshire, de moutarde, de pâte de piment et d’oignons. Je l’ai cuit à 350 F, jusqu’à ce que le thermomètre inséré au centre de la pièce indique 150 F. On se repose ensuite 15-20 minutes et on déguste.
Pour accompagner, j’ai préparé des tomates farcies, un petit quelque chose que je mixe en trois secondes lorsque j’ai un restant de vieux pain sec ou des craquelins que quelqu’un a apporté au party de la veille. Je coupe un chapeau aux tomates, je les vide ensuite. Je mélange les entrailles au féculent émietté ainsi que du parmesan râpé. Au four, jusqu’à ce que le centre soit chaud, puis sous le broil, jusqu’à ce que le dessus soit croustillant.
Un souper parfait pour me remémorer mes souvenirs d’enfance.
En passant, je sais que plusieurs sont contre ça, la chasse, la pêche, la viande. Mes études en anthropologie m’ont enseigné que l’être humain a survécu grâce à son alimentation non-exclusive et son système non-spécialisé. Je crois sincèrement que nous sommes faits ainsi et qu’il n’est pas à notre avantage d’aller contre-nature. Comme vous l’avez peut-être remarqué, et pour des raisons écologiques surtout, je mange plus végétal qu’animal. Mais cela ne m’empêche pas de savourer un rôti de caribou une fois de temps en temps.
À chacun sa voie.
2 commentaires:
Quelle chance! J'adore la chasse et ce ça me tenterait bien de goûter à du caribou!
Bises,
Rosa
Je n'oserais pas chasser mais je ne suis pas végé pour autant et ce type de viande a tellement de saveur! Magnifique recette hivernale en plus!
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